Floèmee

Entre musique traditionnelle iranienne et électronique, Floèmee invite à la découverte de mondes intérieurs sonores et méditatifs.

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À la recherche d’un espace infini depuis notre terre… La création musicale Floèmee de l’ensemble du même nom, explore la musique et la poésie traditionnelles iraniennes comme les sonorités électroniques, les images et la voix. Composition éthérée, son projet subtil cultive la fusion de langages musicaux, hétérogènes, et leurs perspectives sonores.

Nazanin Yalda y chante ainsi d’une voix hypnotique les poésies lyriques de Saadi, poète et conteur persan de la période médiévale, que met en musique son jeu de Setâr, instrument traditionnel à cordes iranien. Les nuages électroniques et rythmiques de Alex Recio projettent dans le troisième millénaire cette tradition, poétique et musicale, évanescente et mystique. Enfin, les créations visuelles de Monica Montes, paysages vides translucides ou horizons géométriques, esquissent un écrin à ce dispositif sonore et à son envol émotif, depuis l’origine des temps.

Entretien avec Floèmee

(Nazanin Yalda, Alex Recio, Monica Montes)

Pourriez-vous nous présenter le sens et le projet de Floèmee, nom de votre formation et du concert que vous proposez, lors de cette édition de Ars Musica ?
Ce projet est né d’une envie commune d’expérimenter la fusion entre différents univers musicaux. Nous souhaitions confronter la musique contemporaine dite « savante » et la musique électronique ; deux langages qui nous passionnent et nous touchent. Cette recherche d’un langage commun, dépouillé des barrières d’un style musical prédéfini ouvre une deuxième perspective, celle d’une rencontre avec l’univers musical oriental, en particulier la musique traditionnelle iranienne. Expérimenter la fusion des divers langages musicaux est donc la ligne directrice de ce projet de création. 
Juste avant le Covid, tout à fait par hasard nous sommes devenus colocataires (Alex et Nazanin). Nous aimons tous les deux beaucoup les plantes et notre maison en est pleine ; en dehors des discussions sur la musique, il y a beaucoup de discussions sur les plantes dans la maison, et, lorsque notre projet est devenu suffisamment sérieux et que nous avons commencé à chercher un nom, nous avons donc pensé à explorer les options liées aux plantes. C’est à ce moment-là que nous sommes tombés sur le nom « Floèmee », qui est la partie de la plante qui transporte, et achemine, le sucre produit lors de la photosynthèse. Nous pensons en quelque sorte que la musique est comme ce sucre, une source qui nous inspire et qui nous nourrit.

- Le métissage des approches sonores (le Setâr, instrument traditionnel à cordes iranien et la musique électronique) est-il au cœur de Floèmee ?
Complètement, la fusion était au cœur de notre groupe depuis le début, puisque nous avons tous les deux un héritage dans des mondes différents (la musique iranienne de mon coté et  la musique espagnole pour Alex), nous voulions pouvoir inclure cette partie dans notre parcours musical et créatif.

- Les poésies lyriques de Saadi, poète et conteur persan de la période médiévale, sont-elles également la thématique ou le fil conducteur du concert de ce soir ?
Le concert que nous proposons gravite autour de l’univers lyrique du célèbre poète iranien de la période médiévale, Saadi, dont nous mettons la poésie en musique. Pour être plus précis nous n’utilisons qu’un seul poème, un Ghazal qui est un poème d’amour et chaque chanson est constituée d’un distique du même poème.
Pour le concert de ce soir, vous allez entendre le Ghazal n°615.

- Présentez-nous les créations visuelles de l’artiste Monica Montes qui accompagneront également votre concert ?
Le travail visuel de Monicas’ancre également dans la notion de fusion, une fusion entre  différents espaces, qu’ils soient physiques, mentales ou sensoriels ; musique et images se mêlent à l’unisson, laissant chacun créer son propre espace imaginaire.
À l’écran, on y voit des séquences d’instants quotidiens, ordinaires, magiques, méditatifs, d’observation… une réalité qui ensuite est poussée à l’abstraction, par le traitement d’image.
À la façon d’un carnet de route, ces images en mouvement évoquent le voyage physique ou mental. 
La contemplation, aussi bien sonore que visuelle, est intimement liée au voyage ; c’est prendre le temps d’observer, d’écouter, de se réinstaller dans le présent. Contempler, c’est donc faire le choix d’être présent au monde ; c’est communiquer avec toute chose, bien conscient d’être le flux de la création en cours.

- Comment, dans un tel processus créatif où les temps, les espaces et les arts se rencontrent, la collaboration entre plusieurs artistes issus de champs esthétiques différents se produit-elle ? 
Avant de collaborer avec Monica, elle nous a envoyé certaines de ses œuvres et nous avons beaucoup aimé son esthétique. Il y avait donc une confiance entre nous depuis le début. Nous voulions que Monica ait une liberté totale dans son expression artistique. Pour notre première collaboration, nous lui avons envoyé notre musique à l’avance pour qu’elle l’écoute et en fasse les visuels. Grâce à cette approche, elle a pu ajouter une dimension très complémentaire de notre musique.  
Nous explorons également les possibilités d’un set live, le son et les visuels sont connectés via un programme informatique et cela nous laisse plus de liberté pour improviser de manière harmonieuse.