Tricoterie , Saint-Gilles

Pulse Perspective

Dominique Grimaldi présente son nouvel album "Pulse Perspective" à Bruxelles lors d’Ars Musica

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Passés l’émotion, le rythme, le souffle musical, des improvisations et des constructions de Pulse Perspective, version concert de l’album éponyme  du compositeur éclectique et bassiste virtuose Dominique Grimaldi, une question  se fait immédiatement jour. 

Comment une musique peut-elle être à ce point « visuelle » ? Comment peut-elle suggérer autant de mondes imaginaires, d’images mentales, parfois même évoquer des plans ou des situations cinématographiques, des sensations d’intensités sonores multiples ?

Écrit et composé avec précision, également en partie improvisé, Pulse Perspective ouvre précisément une perspective sonore en expansion, une exploration de l’espace, une urbanité aussi, qui oriente tout scénario sonore vers un imaginaire visuel et spatial de l’écoute.

 

Entretien avec Dominique Grimaldi

Le concert Pulse Perspective, que vous proposez lors de cette édition de Ars Musica, a le même titre que votre dernier album et sans doute le même projet. Pourriez-vous nous le présenter ?

Le point de départ de Pulse Perspective est une émission de radio, pour France Musique à Paris où, en trio, nous avions joué certaines nouvelles compositions comme Mad Scientist et Two hearts. L’envie m’est alors venue de les retravailler, en les accompagnant d’autres pièces, non plus en trio, mais en montant un quintette pour cela ! Les compositions furent donc adaptées pour une telle formation qui, finalement, sera constituée de Benoît Alziary (vibraphone, marimba et percussion), Jean-Philippe Collard-Neven (piano), Renaud-Gabriel Pion (clarinette et clarinette basse), Frédéric Sicart à la batterie et moi-même à la basse et au moog taurus. Le répertoire de PulsePerspective s’est alors mis en place augmenté, également, d’une reprise du groupe Rahmann, Atlanta.

Pulse Perspective est un savant dosage, finalement, d’improvisation et de compositions écrites. Comment procédez vous ?

Il y a effectivement des parties écrites et d’autres improvisées, le mélange des styles que je souhaitais, et le choix qui fut réalisé parmi les multiples prises que nous avons faites.

En effet, j’ai longtemps été musicien de studio et, toujours, j’ai été fasciné par l’idée de découvrir et de voir ce qui, en arrivant dans un studio, pouvait se passer entre les musiciens. Pour enregistrer PulsePerspective, nous avons eu cinq jours, ce qui nous permettait de construire deux morceaux par jours, une demi-journée par titre… Qu’allait-il se passer dans ces moments intenses entre composition et improvisation, écriture et accident ? Avec ces enregistrements, j’ai ensuite réalisé une semaine de post-production, comme pour un film, afin d’en assembler les meilleurs moments, les meilleures prises. Le studio est ainsi devenu un outil de création en soi, comme un laboratoire  d’expérimentation ! Le choix qui peut être fait, aujourd’hui, entre les multiples enregistrements rendus possible par le numérique se révèle infini : le montage y est permanent !

Vous naviguez entre différents genres musicaux, du post-rock au jazz improvisé.

Oui, mon histoire musicale, c’est la pop music, mais aussi l’éclectisme qui me fait pareillement aimer Pink Floyd, Henri Dutilleux, John Coltrane et Steve Reich… L’improvisation est également une dimension musicale essentielle pour moi, qui existe d’ailleurs beaucoup dans la pop music ! Ainsi, on la retrouve aussi bien chez King Grimson que Frank Zappa. Il y a des plages d’improvisation dans chaque morceau de Pulse Perspective.

Votre musique produit une agréable et inédite impression de visualité, d’imaginaire, cinématographique en particulier. Entretenez-vous une relation particulière avec les images dans vos compositions ? Voire avec une forme de récit visuel qui accompagnerait votre écriture musicale.

J’ai toujours adoré la musique de film, bien sûr. La rencontre de créations de Nino Rota et des films de Federico Fellini, de Ennio Morricone et de Sergio Leone, les musiques de John Barry, Jerry Goldsmith ou Jóhann Jóhannsson… De plus, je compose également beaucoup pour le monde audiovisuel et m’interroge constamment sur ce rapport… La musique véhicule des images ; sans parole, sans texte, elle ouvre sur un imaginaire que je laisse le plus libre possible. Je ne me fixe aucune barrière et je laisse parler la part visuelle de l’imagination musicale. Mais votre question est intéressante, car dans le quintette, Benoît, Renaud et Jean-Philippe, ainsi que moi-même d’ailleurs, nous nous adonnons également à la photo ! Entre prise de sons et prise de vues, cet intérêt pour l’image doit bien nourrir notre musique !